Lễ tết nguyên đán

禮 節 元 旦
Vignette extraite de Derrière la haie de bambous de Vink - ed. du Lombard, Bruxelles, 1983
 

psychanalyse et ethnologie - anthropologie psychanalytique - ethnopsychanalyse - Géza Roheim

Si vous avez des problèmes d'affichage avec l'écriture vietnamienne, cliquez ici.

 

 

Chúc Mừng Năm Mới - Bonne Année

Nos vœux 2016 en PDF - format A5 -

祝𢜏񣚑񣠿

Le 8 février 2016, Bính Thân, 丙申
succède à Ất Mùi, 乙未, Année de la Chèvre

 

 

Préliminaires à la lecture du texte

Le nouvel an vietnamien correspond globalement au nouvel an chinois mais il en diffère cependant sur quelques points. Le nouvel an vietnamien présente aussi des traits qui lui sont propres. Il n'est pas inutile de préciser cela car depuis quelques années les médias de masse occidentaux manifestent de l'intérêt pour "un nouvel an chinois" gommant tous les particularismes et associant cette fête à une astrologie à quatre-sous étalée dans les journaux et magazines dits "grand public". La multiplicité des inexactitudes et les simplifications sont si importantes qu'il est devenu difficile d'en corriger les fourvoiements. Notons enfin que le texte à venir néglige certaines singularités régionales et ne concerne que la société Việt (ou Kinh), "ethnie" majoritaire parmi les 54 que compte le Việt Nam. S'agissant d'une fête traditionnelle, le lecteur vietnamophone ne devra pas être surpris de la présence de certains mots sino-vietnamiens et de leurs transcriptions en caractères hán-việt, quelquefois nôm, car c'est ainsi qu'ils apparaissent dans les images et les sentences durant cette fête. Pour la même raison, le lecteur connaissant le chinois ne devra pas être étonné de constater que certains caractères n'ont pas la même signification en vietnamien et en chinois. Enfin le lecteur ignorant les spécificités du vietnamien consultera cette note.

 

 

Sommaire et pages en liens sur le Tết nguyên đán

 

   

en savoir plus

- Autour du calendrier

supplément

Troncs célestes et rameaux terrestres

Le déroulement du Tết nguyên đán

 

Documents historiques

a/ Culte du génie du foyer : Cúng ông Táo

supplément

Histoires du Génie du Foyer, Ông Táo

b/ Veillée du Tết : Cúng Giao thừa / Trừ Tịch


Images populaires, sentences etc.

c/ Les premiers jours du nouvel an

 

Le tết raconté par P. Denjoy en 1894

d/ Tết et migration

  
   

 

LỄ TẾT NGUYÊN ĐÁN -- 禮 節 元旦

autour du calendrier

Le lễ tết nguyên đán, plus généralement connu sous le nom abrégé de Tết (ou tết cả ), peut être traduit par la fête de la saison première de l'année [N1]. Il s'agit d'une fête comparable à celle du nouvel an occidental mais, ceci expliquant le décalage, dans un calendrier luni-solaire. Ce dernier comprend douze lunaisons (355 jours) et un mois intercalaire (tháng nhuận) ajouté tous les trois ans environ pour "rattraper" l'écart avec l'année solaire. Aujourd'hui, ce calendrier a aménagé des relations de compatibilité avec le calendrier grégorien mais traditionnellement il se référait au calendrier chinois qui commençait en 2637 avant notre comput. Ainsi 2005 correspondrait à 4642 mais en réalité des modifications ayant été apportées au cours de l'histoire, les Chinois estiment qu'ils sont en 4702, quelques uns estiment 4703. La question préliminaire à tous ces différends tient à la considération du point de départ, c'est à dire à la première année du règne de l'Empereur Jaune, Huángdì, 黄帝, (Hoàng Đế en vietnamien) souverain mythique (?) considéré comme l’un des fondateurs de la civilisation chinoise [Na]. Quoi qu'il en soit la Chine a aussi adopté le calendrier grégorien en 1912. Pour 2005, la nouvelle année commence le 9ème jour du 2ème mois (nouvelle lune de février), l'équivalent vietnamien s'exprimant comme ngày 1 tháng 1 năm 2005.

En parallèle avec la tradition chinoise, chaque année s'inscrit dans un calendrier classificatoire marqué par des animaux et par des éléments. La complexité apparente de cette classification tient au fait qu'il y a douze animaux et cinq éléments (bois, feu, terre, métal, eau), éléments qui sont doublés suite à une déclinaison bi-polaire, ainsi en vietnamien : eau naturelle et eau d'usage, feu allumé et feu latent, bois en général et bois allumé, métal en général et métal façonné, terre inculte et terre cultivée. Ces différences font que cette nouvelle année est l'ère du coq de bois pour les Chinois alors qu'il s'agit du coq d'eau d'usage pour les Vietnamiens, ất dậu, signifié par 乙酉. Les caractères précédents sont bien compris en cette circonstance comme coq de bois (CH) ou coq d'eau d'usage (VN) mais à vrai dire ils ne représentent pas les animaux et les éléments concernés. En effet, en sino-vietnamien, le coq ou la poule habituels s'écrivent 鷄 et se disent ( en VN et en CH). 乙 représente en réalité le 2ème des 10 troncs célestes (thập cạn) et 酉 est le 10ème des 12 rameaux terrestres (thập nhị chi) , étant entendu que ces différents rameaux sont symbolisés par des animaux et par des éléments. Cliquez ici pour des explications détaillées.

 

Actualisation pour 2016

Le 8 février 2016 vient l'année 丙申 dite Bính Thân, c'est-à-dire le 3ème des 10 troncs célestes et le 9ème des 12 rameaux terrestres. Thân est représenté par le singe. Le rameau Bính est associé à un des 5 éléments et au cycle âm–dương, le yīn-yáng chinois. Pour cette année, Bính est lié au feu de signe (+).

2016 sera donc l’année du Singe de feu.

Notons que les termes et les caractères utilisés ne correspondent pas à la langue et à l’écriture habituelles. Ainsi, en vietnamien, le singe est communément khỉ, s’écrivait et se disait hầu en sino-vietnamien.

archives des actualisations

 

Il est inexact et dommageable de nommer astrologie cette classification : il ne s'agit en aucune manière d'influences astrales mais de correspondances de certaines qualités avec certains états. En termes plus savants, on a pu parler de correspondances micro-macrocosmiques. L'univers se conçoit à l'aide d'un modèle théorique composé de cinq parties comprenant chacune une forme possible de la totalité des états et des objets du monde : par exemple sont associés des saisons, des astres, des couleurs, des organes, des climats, des saveurs, des éléments, des animaux, des végétaux etc. Le lecteur pourra s'en faire une idée en cliquant ici.

L'ensemble de ces correspondances se situe dans des mouvements cycliques alternatifs (micro et macro-temporels) : ainsi le rat représente-t-il autant le premier rameau terrestre 子 ( trad. fils, pépin), que la première année d'un cycle de 60 ans, que la première partie du jour (de minuit vers 2 heures du matin) etc. Les 60 années s'expliquent par le fait qu'il faut attendre 60 ans pour retrouver une association identique entre un des 12 rameaux terrestres donné et un des 10 troncs célestes. Le tableau suivant donne les attributs des années, de 1981 à 2016.

Attention. Les noms d'années se lisent de droite à gauche. Par exemple 2014, année du cheval, est dite giáp ngọ. De la même manière l'année 2015 sera ất puis chèvre, soit ất mùi. La raison en est que les troncs célestes ont la prédominance sur les rameaux terrestres.

 

rameaux terrestrestroncs célestesannées(suite 1)(suite 2)
Dậucoqtân81coqqúi93coq ất05
Tuấtchiennhâm82chiengiáp94chienbính06
Hợicochonqúi83cochonất95cochonđinh07
ratgiáp84ratbính96ratmậu08
Sủubuffleất85buffleđinh97bufflekỷ09
Dầntigrebính86tigremậu98tigre canh10
Mẹochatđinh87chatkỷ99chattân11
Thìndragonmậu88dragoncanh00dragonnhâm12
Tịserpentkỷ89serpenttân01serpentqúi13
Ngọchevalcanh90chevalnhâm02chevalgiáp14
Mùichèvretân91chèvreqúi03chèvreất15
Thânsingenhâm92singegiáp04singebính16

 

le déroulement du tẾt nguyên đán

a/ le culte du génie du foyer : Cúng ông Táo

Auguste de jade - Don de Chavannes à la Société AsiatiqueLe Tết lui-même débute réellement à la mi-nuit séparant le dernier jour lunaire du premier jour du premier mois mais en réalité les préliminaires commencent 7 jours plus tôt, le 23ème jour du 12ème et dernier mois lunaire. Ce jour là a lieu le culte du génie du Foyer, Táo Quân, 竈君, dont le moment fondamental est son départ pour le Ciel. Selon son nom plus familier, Ông Táo, tel un comptable, va faire un rapport de la vie de la maison au fameux Empereur de Jade, divinité centrale du taoïsme, que les Vietnamiens nomment Ngọc Hoàng 玉 皇 et plus communément ông Trời (Monsieur le Ciel). Ce rapport modifie le destin, prolonge ou abrège la vie selon les mérites. Cette absence durera six jours, le génie retournant précisément dans les foyers dans la nuit séparant l'ancienne et la nouvelle année, au moment du giao thừa (voir plus loin). Comme le rappelle l'écrivain Hữu Ngọc le temps de ces fêtes est d'abord celui d'un « peuple de paysans attaché depuis des millénaires à la terre [..] dans le rythme des saisons, il marque un temps de pause durant lequel la rizière et le cultivateur goûtent la joie du repos complet après douze lunes de travail. » [N2] Cette semaine sans génie, "où rien ne se passe", symbolise aussi le temps "mort" de l'hiver, le dernier repli avant le réveil. D'une certaine manière, ce départ du génie représente une forme de vacance de la conscience morale ou pour le moins d'une partie de celle-ci.[N3]

 

Ông Táo, bien que souvent représenté comme une figure unique, est en réalité une triade dont la légende est connue de tous les Vietnamiens. Il en existe plusieurs versions mais la structure commune peut se résumer ainsi : une nécessité (pauvreté - maladie etc.) conduit un couple à se séparer, l'un des Image populaire du Têt - 3 génies du foyer - cf M. Duranddeux part et erre suffisamment longtemps pour que l'épouse se pense libre et se remarie. Un jour, par hasard, l'épouse et son premier mari se retrouvent, pour l'un et l'autre il s'agit d'un grand choc entraînant en cascade les morts (par accidents ou suicides) du premier mari, de la femme, du second mari. Le feu est le plus souvent l'instrument de la mort. Le Souverain du Ciel, ému de ces sacrifices, leur conféra alors une unité posthume en les déclarant génies du Foyer. Les éléments de cette triade sont relativement variables : Ông Táo est aussi parfois nommé Thổ Công 土公 glissant ainsi de génie de la cuisine à génie du sol ou de la terre mais il est alors pratiquement superposable à l'autre génie de la triade, Thổ địa 土地, génie du sol (en chinois 土地 tǔdì est encore la terre, le sol) et cela est sans compter sur leur compagne (et épouse) Thổ kỳ, elle aussi génie de la terre. Cette histoire se matérialise dans la présence des trois pierres ou briques servant de support au feu de la cuisine. Vous pourrez consulter ici quelques versions complètes. [ ouverture dans une autre  fenêtre ] Cette cérémonie au génie du Foyer est en grande partie organisée autour du départ de Ông Táo pour le Ciel. Ainsi à cette occasion on lui sacrifiera une carpe (cá chép) devant lui servir de moyen de transport  pour son voyage, carpe qui dans certaines légendes se transforme en dragon lors d'un passage particulier entre la Terre et le Ciel [N4]. Une tradition offre même deux carpes, une pour l'aller et une autre pour le retour. Il en est de même de leurs destins : lâchées dans la rivière après la cérémonie ou bien préparées et placées sur l'autel. Sur ce dernier, on peut aussi trouver le nécessaire à un voyageur : provisions de bouche, argent et or (fictifs), vêtements en papier dont trois chapeaux emboîtés avec des "ailes de libellule" (rappel de cette trinité de génies), une paire de bottes mais, fait curieux et sans explication connue, sans pantalon. C'est ce que rappelle ce précepte : « Đội mũ, đi hia, chẳng mặc quần. » ( Porter le chapeau, mettre les souliers, mais pas de pantalon.). Il arrive que "la monture carpe"  soit secondée, voire remplacée par une cigogne, Cò bay, ou par  un cheval rapide, Ngựa chạyÔng Táo est aussi chargé de transporter divers papiers votifs. [ ouverture dans un popup ]

 

La fête du Táo Quân inaugure véritablement cette semaine de préparatifs au Tết :

« Les activités battent son plein à partir du 23 lunaire. Dans les rues principales de chaque ville, s'installent des marchés où on y vend des pastèques, des fruits confis, des légumes, de l'épicerie, des vêtements pour enfants, des pétards au mètre et surtout des fleurs vendues en conteneur (chrysanthème, dahlia, rosier, kum quat..) sans oublier les branches de prunus ou d'abricotier jaune en fleur. Par tradition, les gens du Nord fleurissent leur intérieur avec des branches de prunus, anh đào, de couleur rouge ou rose et les gens du Sud et du Centre avec une variété d'abricotier jaune appelé mai (abricotier) ou blanche, bạch mai ( bạch = trắng = blanche) ou quelquefois avec des branches de prunus de Đạ Lạt. » [N5]

Parmi les branches de fruitiers en fleurs, une place particulière peut être donnée à la branche de pêcher. En effet, au-delà des aspects esthétique et symbolique du renouveau, le pêcher est au cœur d'une constellation imaginaire particulièrement riche. Son fruit est un symbole classique de longévité que l'on retrouve dans les représentations imagées de la fameuse triade phúc, lộc, thọ, dans laquelle le vieillard au front bombé représentant la longévité tient une pêche mais il était bien connu autrefois que « chaque maison devait apposer contre sa porte deux planchettes de pêcher sur lesquelles seraient dessinées les images terrifiantes des génies Thần ( plus souvent appelé Thần trà : 神茶 ) et Uất lũy  鬱 壘 : ces planchettes s'appelaient đào phù (le talisman en bois de pêcher)[N6] Thần trà et Uất lũy étaient deux frères "chasseurs de démons" qui résidaient avec leurs troupes sous un pêcher du mont Độ sóc. Ils avaient la capacité magique de voir les démons même en plein jour, de pouvoir attacher les plus dangereux avec des liens en jonc et de les donner à des tigres afin que ces derniers les dévorent. « Le Ciel leur confia la mission de se poster devant les maisons, principalement au moment du Tết, et d'arrêter au passage les démons qui se présenteraient. Ils étaient si redoutés de ceux-ci qu'il suffisait de représenter l'image de ces génies avec des traits grimaçants sur des feuilles de papier rouge pour que les indésirables démons à cette vue prissent peur à jamais ! » [N6] Les planchettes de pêcher originelles auraient donc été ensuite remplacées par des bandes de papier, coutume inscrite vraisemblablement dans le cadre plus général des usages de l'écriture sous forme de sentences, talismans, images protectrices et/ou attirant la chance, le bonheur etc. La période du Tết voit une véritable explosion de ces usages. Voir la page réservée aux images populaires, sentences et idéogrammes.

 

Dans quelques régions, mais surtout dans les campagnes, cette semaine de préparatifs au Tết inaugurée par la fête du Táo Quân s'achève le 30e jour du dernier mois lunaire par l'érection devant les maisons d'une grande perche de bambou, le cây nêu : « .. on coupe un grand bambou pour en faire un mât ; on Illustration du cay neu pour un livre d'enfanttresse trois touffes de chaume et on attache des sapèques de papier doré. Ou bien on fixe à la porte cochère une branche de banian et des feuilles d'ananas. On saupoudre également la cour d'entrée de chaux en poudre, avec laquelle on dessine un échiquier, un arc, une arbalète etc. tout cela  dans le but d'éloigner les démons de crainte qu'ils ne viennent nous créer des ennuis. » [N7] Cette édification supporte quelques variations. Ainsi on peut juxtaposer à la description précédente de M. Phan Kế Bính celle de M. Huynh-van-Pham : « A son extrémité flexible, où adhèrent encore quelques feuilles, est attaché un cerceau auquel sont accrochés, par des ficelles, des morceaux d'étoffe rouge, une touffe de plumes de coq, une lanterne en papier qu'on allume à la tombée de la nuit, des carpes et des Khanh en faïence. » [N8] Les khanh sont de petites plaques qui constituent un des attributs de la religion bouddhiste. Il ne fait guère de doutes que l'interprétation consistant à penser que le cây nêu vise à éloigner les mauvaises influences soit adéquate mais, comme le soutient Nguyễn Văn Huyên, cette perche de bambou  sert de repère pour le retour imminent des ancêtres et vraisemblablement encore pour celui du génie du foyer Ông Táo. Il existe enfin une légende bouddhiste dans laquelle le cây nêu apparaît comme une prescription du Bouddha [N9] suite à un épisode singulier entre lui et des démons. Dans cette histoire Bouddha considérant la misère des Vietnamiens leur rendit visite; A peine posa-t-il le pied sur le sol du Việt Nam que les démons l'encerclèrent et l'empêchèrent d'avancer. Il déclara vouloir acheter une parcelle de terre. Devant leur refus, le Bouddha fit surgir quantité de richesses, or, bijoux, diamants, et proposa d'acheter avec tout cela ce que recouvrirait sa tunique. Les démons trouvèrent intéressant le marché et l'acceptèrent mais grande fut leur déconvenue lorsqu'ils s'aperçurent que les pouvoirs de Bouddha permirent à sa tunique de s'étendre indéfiniment vers les horizons. Les démons durent tenir leur promesse pendant que Bouddha assura sa protection aux Vietnamiens mais leur demanda de planter chaque année une perche de bambou comme marque de son pouvoir et de sa protection au moment où ils recevraient leurs ancêtres et célèbreraient le retour du génie du foyer. Ce serait là une interprétation bouddhiste de l'existence du cây nêu venant historiquement recouvrir des pratiques plus anciennes. Généralement le cây nêu restera érigé une semaine. Avec la plantation de la perche de bambou, nous sommes arrivés à la veille du Tết ; les maisons ont été nettoyées, les sentences sont accrochées, les pétards, les cadeaux et les victuailles ont été achetées, tout est prêt pour commencer la veillée, recevoir les ancêtres et entrer dans la nouvelle année.

 

b/ la veillée du nouvel an : cúng giao thỪa et trỪ tỊch

La dernière nuit de l'année est donc un moment privilégié. Par le Cúng ông Bà ou cérémonie aux ancêtres, ces derniers sont invités à réintégrer la maison (rước ông bà ông vải) pour quelques jours, aujourd'hui 3 ou 4, autrefois souvent 7. Des repas seront partagés avec eux jusqu'à la cérémonie de leur départ (tiễn ông bà ông vải), en même temps d'ailleurs que la descente, hạ nêu, de la perche de bambou dont nous venons de parler. Vient ensuite un moment particulier, celui du passage de l'heure du cochon [giờ hợi] à l'heure du rat [giờ tý ], c'est à dire minuit. C'est l'heure de la passation du pouvoir de l'un des 12 génies dits Hành Khiến 行遣 ou Hành Khiển à un autre.

A notre connaissance, les études les concernant sont rares (tout au moins en français) et la plupart des écrits se limitent à mentionner que ces génies se relayent chaque année pour nous protéger et superviser les affaires humaines. Les descriptions font penser à une sorte de comité ministériel céleste chargé de mettre de l'ordre. C'est en tout cas la fête de cette passation de pouvoir que l'on nomme Giao Thừa, fête solennelle, riche en nourriture comme en bruits de pétards et de tambours. Phan Kế Bính (déjà cité) rapporte que « Chaque fois que revenait ce jour, 120 enfants de neuf à dix ans, vêtus d'habits noirs et coiffés de chapeaux rouges parcouraient les rues en battant du tambour pour chasser les démons, d'où le nom de trừ tịch. ». On peut se donner une idée de ce "vacarme" par l'expression, Trống kêu ran như trống giao thừa, soit, des roulements de tambours comparables à ceux du giao thừa.

Dans trừ tịch, on sait que tịch veut dire la nuit mais l'expression elle-même a reçu beaucoup d'interprétations. L'écriture en caractères nôm apporte un élément de débat car on sait qu'il s'agit de 除夕, encore utilisée en chinois pour désigner " la veille du nouvel an " ( chúxī en pinyin) et dont le premier terme, 除, signifie retrancher, écarter, évincer etc., c'est à dire un champ sémantique qui paraît soutenir l'interprétation de Phan Kế Bính  ; chasser les démons et chasser cette nuit pouvant être tenus comme équivalents.

Quoi qu'il en soit, à partir du Cúng giao thừa, il s'agit d'accueillir le premier matin du premier jour de la nouvelle année dans les conditions les plus favorables. Comme le notait Léopold Cadière, « .. un grand nombre de coutumes  [..] se rattachent à la croyance au may xưa, littéralement "la chance du début", "l'heureux commencement"[N10] Cela est encore plus vrai pour le Tết, commencement du commencement ; d'une manière générale on peut saisir le sens de la plupart des coutumes si l'on garde à l'esprit une idée clé : tout ce qui arrive ce jour-là inaugure de ce qui pourra arriver toute l'année. Ainsi sont expliquées des choses aussi différentes que l'importance de la bienveillance des ancêtres, le rite du premier à franchir le seuil de la maison assorti de l'interdiction de faire entrer ceux qui ne seraient pas bons, riches, en bonne santé, les vœux de longévité pour les personnes âgées, la distribution des cadeaux aux enfants, toutes les cérémonies "d'ouverture" dans lesquelles peuvent s'inclure aussi bien l'ouverture des boutiques que la cérémonie de l’activation du sol, động - thồ. Le forgeron sacrifiera au génie qui le protège avant d'utiliser sa forge, le paysan au génie qui veille sur son buffle, les briquetiers n'allumeront leurs fours qu'après avoir sacrifié à leur "patron" protecteur etc. Pour les mêmes raisons, on s'abstiendra de dépenser, de couper avec un couteau, de balayer la maison ou plus exactement de jeter les ordures.

Ce dernier interdit est particulièrement connu comme la légende qui le justifie. A vrai dire cette légende supporte de nombreuses variantes. Le Sưu thần ký, ouvrage du IVe siècle raconte qu'un dénommé Âu minh assis au bord du lac Thanh Thảo se plaignait de sa misère lorsque le génie du lac lui offrit un petit animal mascotte appelé Hậu. De ce jour, la situation de Âu minh changea radicalement, il devint riche. Mais un jour de tết, il faillit écraser Hậu qui se cacha alors dans un tas d'ordures et pour le malheur de Âu minh, sa mascotte disparut avec celui-ci. Dans une autre version l'animal serait une servante et dans une autre encore un petit singe. Une autre variante ou plutôt une autre structure légendaire est rapportée par un autre livre, le Phong thổ ký. Là, une ménagère nommée Bí Tiêu travaillait au Ciel. Elle était précisément chargée des cuisines célestes. Sa gourmandise la conduisait à goûter largement dans tous les plats et c'est ce qui entraîna sa "mise à pied" et son exil sur terre où elle fût contrainte à s'incarner dans un balai ( thần chổi ). Son travail incessant la rendit si malheureuse que le Ciel finit par en tenir compte et lui accorda de se reposer lors du Tết.

En complément de ces légendes, Chuong - Dac - Long (déjà cité en Note 4) relate la devinette suivante connue des enfants vietnamiens : « Trong nhà có một bà hay la liếm », ce qui peut se comprendre comme « Quelle est la personne qui dans une maison chaparde tout ce qu'elle voit ? », la réponse étant le balai.

 

c/ les premiers jours du nouvel an

Le tết est annonciateur de printemps, mùa xuân. Il est nécessaire de rappeler pour les lecteurs européens que l'on ne saurait se représenter sans précaution ce nouvel an vietnamien. En effet, l'imaginaire de notre nouvel an est presque indissociablement attaché à l'hiver, au froid voire à la neige et à la glace. Or deux données principales sont à retenir ; d'abord le climat du Việt Nam est bien différent du nôtre [N11] et ensuite, comme nous l'avons souligné dans une première partie, il s'agit d'une fête située dans un calendrier luni-solaire. Il faut donc imaginer le temps (dans les deux sens du terme) comme proche de notre printemps. D'ailleurs notre propre calendrier porte encore les indices d'une nouvel an plus tardif, ce sont les noms mêmes de certains de nos mois, de septembre (sept) à décembre (dix).

Les festivités de la nuit vont se prolonger, non seulement au matin du premier jour, mais aussi pendant les trois premiers jours. Il semble qu'au cours des siècles le temps de la fête se soit réduit. Il était encore fréquent au siècle dernier (19e - 20e) que certaines familles le fassent durer une semaine. Les ancêtres, les génies, les légendes ne sauraient pas cependant faire oublier des plaisirs plus terrestres. Le tết est aussi une fête de la nourriture, au point même que le fêter se dit fréquemment « manger le tết » (ăn tết). Au-delà de la multitude de plats, de fruits confis et de diverses sucreries, il est un met symbole même de cette fête, il s'agit du gâteau de riz gluant enveloppant un mélange de viande et de pâte de soja, gâteau présenté (ou vendu) à l'intérieur d'une feuille de bananier. Il est généralement de forme carrée dans le nord (bánh chưng) et de forme ronde dans le sud (bánh tét). Ouvrons une parenthèse. Nous avons cédé à un usage terminologique qui est à notre avis contestable ; il s'agit ici de la traduction par gâteau mais la même remarque s'appliquerait aussi aux plats traduits par soupes, le phở étant le plus connu. En effet, ces mots (signifiants) ne renvoient pas seulement à un "objet" signifié, ils sont (pour un Français au moins) inscrits dans la structure même du repas. La soupe est phénoménologiquement un début, pouvant éventuellement précéder les entrées, alors que les gâteaux relèvent de la catégorie des desserts ; un dessert est un met qui clôt, qui est à la fin, avant que l'on desserve totalement. Ce n'est pas le cas au Việt Nam car la structure du repas n'est pas comparable. Nous ne sommes pas sans savoir que les restaurants asiatiques en Occident ont intégré leurs mets dans nos structures mais cela peut s'interpréter comme un effet de l'acculturation.

Parmi les coutumes liées aux aliments et à leurs usages, il faut noter celle qui consiste à poser certains fruits sur l'autel. Cette pratique très populaire est soumise à quelques variations. Ainsi dans le sud du pays la tradition est généralement de cinq fruits ( papaye, mangue, noix de coco, ananas et pamplemousse) alors que d'autres régions en considèrent quatre. L'unité de ces coutumes est cependant manifeste : il s'agit de faire une "composition" de fruits dont les noms peuvent ( par homologie, homophonie ou rapprochement symbolique ) constituer un message de souhaits et de vœux. Par exemple, s'il s'agit des quatre fruits suivants, pomme-cannelle ( Mẵng cầu - cầu, : prier), noix de coco ( dừa, proche de vừa : tout juste), papaye ( đu đủ - đủ : suffisant), mangue ( xoài proche de xài : dépenser), on peut dire Cầu Dừa Ðũ Xoài, or cette phrase est phonétiquement proche de Cầu vừa đũ xài, autrement dit : « Prions qu'il y ait juste assez pour dépenser. » D'autres arrangements sont possibles mais toujours en "jouant" avec les mots. La présence de l'ananas, thơm, est justifiée par son nom qui signifie aussi parfumé alors que celle du pamplemousse, bưởi, l'est pour son parfum.

Le premier jour, après le culte des ancêtres, les enfants et petits enfants, vêtus d'habits neufs, vont souhaiter la bonne année aux grands parents. Il était d'usage de réserver ce jour à la lignée paternelle alors que le second l'était pour la lignée maternelle mais l'idée d'une hiérarchie est encore présente. Cela expliquant la scène habituelle de grands parents assis solennellement au centre de la maison devant les enfants inclinés. Cette première visite est attendue par les enfants qui savent que des étrennes vont leur être données sous la forme d'enveloppe rouges ( lì xì ) contenant selon les habitudes une somme impaire.

Le deuxième jour est réservé aux proches parents, aux amis et connaissances et cela, comme le premier jour, au milieu d'invitations à manger, de jeux et de réjouissances.

Le troisième jour est généralement dévolu aux défunts et aux visites des pagodes ; à la fin du 3ème jour, un grand repas d’adieu est offert aux ancêtres afin de les raccompagner, tiễn ông bà ông vải.

 

d/ le TẾT et la migration en France

Le tết dans ses formes les plus traditionnelles n'est vraisemblablement plus qu'un souvenir au Việt Nam mais il y conserve la plupart des caractéristiques qui en font cette fête singulière, alliage de passé, de futur et de présent. Le passé, le culte des ancêtres ne fait pas que le représenter, il l'actualise au quotidien apaisant quelque peu l'angoisse de la mort prochaine promise à chacun. Le tết donne en effet à imaginer qu'au milieu d'une fête nous serons à notre tour attendus, accueillis, honorés et que nous partagerons peut-être avec nos descendants les vapeurs subtiles des nourritures terrestres. Le futur, ce sont les promesses manifestes du printemps, une nouvelle année incertaine placée sous les auspices d'un bestiaire emblématique, de nouvelles influences et de nouveaux génies. Nouveaux, oui, mais pas vraiment inconnus car tous occupent une place des plus précises et des plus prévisibles dans l'ordre du monde, même s'il faut attendre au moins soixante ans - une vie d'homme - pour qu'une même configuration réapparaisse. Du présent enfin, dans le resserrement des liens familiaux, dans les manifestations de bon voisinage et la réactualisation des liens amicaux et tout cela dans le brouhaha des pétards, des rires, des jeux, des divertissements et dans les plaisirs culinaires.

 

Le tết subsiste bien dans la migration mais ses racines d'avec le socle culturel sont le plus souvent distendues. Selon les vagues migratoires et selon les générations, les ancêtres ont eu quelques difficultés à traverser les mers et les continents. Le culte y a perdu de son intensité et de ce que par défaut j'appellerais sa quotidienneté. Le phénomène est compréhensible si l'on postule comme Marcel Mauss l'a soutenu que tout phénomène social est un phénomène social total. Le tết a besoin du printemps et des ancêtres. Dans nos climats, de fin janvier au début février, nous sommes encore loin de l'éruption printanière et le cycle dont le tết est le moment fondateur devient virtuel, imaginaire ou même mythique pour ceux des générations qui n'ont jamais connu le pays de leurs parents. Tant qu'aux ancêtres, comment leur parler dans une langue qui ne se soucie pas des âges et des filiations ? Comment ces ancêtres reconnaîtraient-ils leur descendance à travers les métamorphoses des nominations et des appellations ? [N12] Ils peuvent encore "descendre" dans l'intimité et l'anonymat d'une famille mais cela n'a plus rien à voir avec l'effervescence collective d'une société entière qui fête ce retour.

Cependant, et depuis quelques années, le tết et le Nouvel an chinois ne sont plus inconnus : les journaux écrits et télévisés nationaux en relatent les manifestations. Les produits asiatiques introuvables, il y a quarante ans, sont peu à peu apparus dans des commerces limités et presque confidentiels. Ils sont aujourd'hui pratiquement aussi disponibles qu'au Việt Nam au travers de magasins spécialisés dont certains sont devenus des supermarchés. La communauté vietnamienne en France est relativement hétérogène mais elle est traversée par d'innombrables associations qui en resserrent les liens et tissent des réseaux horizontaux. Sans parler du XIIIe arrondissement de Paris, la plupart des villes possèdent leurs pagodes et leurs associations culturelles. Ce sont souvent ces dernières qui organisent le tết, suppléant ainsi aux distanciations inéluctables dues à la migration. Qui peut prédire les effets futurs de l'acculturation ?

 

 

 

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notes et bibliographie

 Certains navigateurs ne permettant pas l'affichage des légendes d'images, ce paragraphe y supplée :
* en haut de cette page, à droite du titre : Vignette extraite de Derrière la haie de bambous de Vink - ed. du Lombard, Bruxelles, 1983
image suivante : Auguste de jade - Don de Chavannes à la Société Asiatique.
image suivante : Image populaire du Têt - 3 génies du foyer - cf Maurice Durand

 

 [Note] - Les caractères nôm appartiennent à l'écriture dite Quốc âm, les sons du pays. Pourquoi ?  - parce que l'usage était de transcrire les mots de la langue vietnamienne (monosyllabiques) en s'appuyant sur la prononciation des caractères chinois. Par exemple le chiffre cinq, năm, étant perçu comme phonologiquement proche du chinois nán , qui veut dire le sud, s'écrivait avec ce sinogramme collé au sinogramme de cinq, . On obtenait donc de cette façon : cinq 5 nam, qu'on pouvait alors prononcer năm, comprendre comme cinq et qui est la réunion en un seul caractère des deux caractères hán (chinois) et . Lorsque ces derniers étaient utilisés pour eux-mêmes mais lus à la façon vietnamienne, on parlait plutôt de caractères hán-việt. Si le caractère nôm, cinq, ci-dessus, est en mode image et non pas texte comme les autres, c'est parce qu'il s'agit d'un problème technique. En effet, la nomenclature internationale Unicode n'a pas encore intégré tous les caractères dans son stock de codage informatique. Cependant des polices spécifiques ont été élaborées ces dernières années et il est possible de les télécharger. Malheureusement la majorité des internautes ne les possédant pas, nous faisons au plus simple. Pour ceux qui en disposeraient : 𠄼 (autres polices : 𠄼  𠄼  )
Les Vietnamiens ayant adopté les caractères latins, l'écriture actuelle est dite
quốc ngữ. Elle se distingue du français (ou de l'anglais etc.) par la présence d'accents et de signes particuliers qui traduisent les tons de la langue. Vous en avez des exemples représentatifs précisément sur les mots quốc ngữ. De plus, certaines lettres n'ont pas la même valeur phonétique qu'en français, pour ne donner qu'un seul exemple notre d se prononce "zeu" ou "yeu" alors que son équivalent phonétique est đ ou Ð en majuscule. Cette particularité s'explique par l'origine portugaise de l'alphabet ayant servi à la transcription initiale. - retour -

[N1] Les caractères 禮 節 元 旦, lễ tết nguyên đán, sont littéralement :

hán-việtsimplifié / pinyinSignifications

rite - cadeau / ex. contextuel :  典礼 / diǎnlǐ = cérémonie, célébration

jié

fête - articulation - nœud -
ex. contextuel : 春节 / Chūnjié = Fête du printemps (Nouvel an)

yuán

premier - fondamental - dynastie Yuan
ex. contextuel : 元旦 / yuándàn = Jour de l'an

dàn

aube ( un soleil au-dessus de l'horizon )

 

 La traduction la plus proche serait donc : Célébration de la fête de la première aube.  - retour -

[Na] Dans le regroupement classique dit des Trois Augustes et des cinq Empereurs 三皇五帝 considérés comme les dieux et rois légendaires précédant les dynasties historiques, Huángdì, avec Zhuanxu 颛顼), Ku (帝喾), Yáo (堯/尧) et Shùn (舜), est l’un des cinq empereurs. - retour -

[N2] Hữu Ngọc, Esquisses pour un portrait de la Culture vietnamienne, éditions Thế Giới, 1995 - retour -

[N3] Dans une perspective ethnopsychanalytique, on peut supposer que la société propose là une représentation culturelle d'une certaine suspension des contraintes morales. Cette suspension est suffisamment personnifiée et reconnues de tous pour devenir le motif instrumental d'un jeu de négociation passager mais possible entre les instances psychiques. Toute société apporte son lot de contraintes mais l'on sait que les sociétés vietnamienne et chinoise font singulièrement peser sur l'individu le poids de la famille, de sa place non négociable dans la filiation et l'affiliation.
La structure de la langue articulant plusieurs "je" de position, l'institution séculaire de la piété filiale, hiếu, terme à vrai dire intraduisible( voir notre page ), la quotidienneté du regard des ancêtres, l'importance des traditions confucéennes etc. sont quelques uns des opérateurs de ce contrôle familial et social. On peut imaginer l'intensité des motions agressives à l'égard des "aînés" vivants et morts en même temps que l'impossibilité de les exprimer. En effet, ne pas pratiquer le culte des ancêtres revient à les "tuer". Comme on le verra plus loin dans le texte, ce départ du génie du Foyer est contrebalancé par précisément le retour des ancêtres. C'est ensemble que tous reviennent ; l'un après une absence de quelques jours mais il restera un an, les autres après une absence d'un an mais ils resteront quelques jours. Le refoulé apporte inéluctablement du symptôme, c'est à dire des choses qui ont du mal à coïncider (antonyme symbole) et il y en a ici quelques marques. Sinon, comment expliquer cette partielle incohérence qui fait que les ancêtres soient là au quotidien alors qu'ils reviennent pour le tết ? À ma connaissance, cela n'étonne pas spontanément "les pratiquants", pris il est vrai dans le dédale des projections et des déplacements. Nous verrons aussi que ce génie est en réalité une triade organisée autour de relations conjugales licites et illicites. Le mythe témoigne que la parenté et la filiation peuvent être entachées de fautes involontaires  et cachées (inconscientes ?). C'est ici qu'à son tour la société se nourrit de l'ambivalence des sentiments humains comme motif instrumental de l'existence de représentations culturelles. - retour -

[N4] La carpe est omniprésente dans les images populaires chinoises et vietnamiennes. Elle est aussi importante au Japon mais apparemment sans lien direct avec les précédentes. La fête des garçons, Tango-no-sekku, pendant laquelle on expose dans les jardins de gigantesques et multicolores drapeaux en forme de carpes accrochés à des mats, a lieu le 5 mai, ce qui ne correspond pas à un nouvel an, solstice, équinoxe etc. et d'autre part, la symbolique paraît différente. Manifestement elle exhorte les garçons à être courageux et persévérants comme la carpe, poisson pouvant nager contre les courants difficiles. Cependant ces carpes-drapeaux appelés carpes-flammes pourraient évoquer la métamorphose éventuelle en dragons cracheurs de feu. A étudier.  - retour -

[N5] Nguyên-Tôn Nu Hoàang-Mai, Parlons vietnamien - Langue et culture -, Paris, L'Harmattan, 1998, p.156 et suiv. - retour -

[N6] Chuong - Dac - Long, Le têt au Viêt-Nam, dans revue France - Asie, n°68, janvier 1952, p.707
- nous avons pris le parti d'écrire les références à l'identique des revues citées, par contre nous avons complété le texte cité par les caractères hán-việt. - retour -

[N7] Phan Kế Bính, Việt-nam phong - tục (mœurs et coutumes du Vietnam), présentation et traduction annotée par Nicole Louis-Hénard, Paris, École Française d'Extrême-Orient, chez Adrien Maisonneuve, tome 1, 1975, p.42 - retour -

[ N8] Huynh-van-Pham, Le Cây - Nêu, dans revue France - Asie, n°68, janvier 1952, p.712 - retour -

[N9] Bouddha et ses représentations sont le plus souvent nommés Phật [佛] mais il n'est pas aisé de l'utiliser et de le repérer car il prend différentes formes selon "celui" auquel on se réfère ou selon les différentes phases de sa vie. Les appellations les plus rencontrées sont : Cổ Đàm (Gautama), Thích Ca Mầu Ni (Çâkyamuni – Bouddha historique), Tất Đạt Da (Siddharta), Bồ Đà (Bouddha), Hiện tại (Bouddha actuel –présent), Quá khứ (Bouddha du passé), A Di Đà (Amitâbha), Vị lai (Bouddha de l’avenir), Ri lạc (Maitreya), Quan âm (Avalokiteçavara) etc. Vous aurez pu noter que nombre d'entre eux sont des "prononciations" vietnamiennes des mots sanscrits. - retour -

[N10] Cadière Léopold,Croyances et pratiques religieuses des Viêtnamiens, Paris, École Française d'Extrême-Orient, réimpression, 1992, Tome 2, p.291 et suiv. - retour -

[N11] Dans son ensemble, le climat au Việt Nam est soumis au régime des moussons et l'on y distingue une saison sèche et une saison des pluies. Ces généralités sont cependant trompeuses car c'est oublier que le pays s'étend sur 1600 kms de zone intertropicale (soit 12 degrés de latitude) et que sa géographie très diversifiée, montagnes, plateaux, zones maritimes, plaines alluviales, entraîne de nettes différences. Le climat est de plus en plus humide et chaud en descendant du nord au sud. Inversement, les écarts entre les saisons se réduisent ; dans le nord, les températures moyennes s'échelonnent entre 15° et 30° alors que dans le sud la température varie entre 27° et 35°. Ces variations engendrent des hivers très froids dans les montagnes du nord (à cause de l'altitude et de l'influence continentale) et une chaleur annuelle subéquatoriale dans le Delta du Mékong au sud. - retour -

[N12] Voir nos pages sur la nomination. Plus généralement, consultez notre page sommaire sur les cultures d'Asie. - retour -

 

© - Fermi Patrick - 17 septembre 98.spacereconfiguré dimanche 07 février 2016