Les vingt-quatre exemples de piété
filiale ci dessous sont présentés selon l'ordre de la version de Lý
Văn Phức 李文馥 [1]. Lui-même s'était appuyé sur celle
du Chinois Guō Jūjìng 郭居敬
[2] que les Vietnamiens
transcrivent généralement Quách Cư Nghiệp 郭居業 et/ou Quách Cư Kính 郭居敬. Cependant l'ordre des exemples
diffère selon les versions . Pour cette raison, le tableau ci-dessous
mentionne les numéros chinois lorsque ceux-ci sont différents. La
majorité des publications vietnamiennes actuelles se réfèrent bien à
ces deux sources mais elles reproduisent souvent la transcription
moderne que Đoàn Trung Còn en avait faite en 1948. Certains
mots étant sino-vietnamiens, le lecteur vietnamophone ne devra pas
s'étonner de quelques différences avec la langue actuelle. Le titre par
exemple n'échappe pas à cette remarque : nhị thập tứ hiếu.
C'est sous cette forme que paraissent même les publications actuelles.
Elles veulent certainement y mettre une marque littéraire mais les
caractères nôm (en haut de cette page) devraient se lire en hai
mười bốn hiếu. Ainsi hai (deux) est ici nhị, mười
(dix) est thập, bốn (quatre) est tứ.
Vous pourrez retrouver (entre autres) toutes ces
histoires dans Imagerie populaire vietnamienne de Maurice
Durand, Paris, publications de l'École Française d'Extrême-Orient,
vol.XLVII, 1960. Les illustrations et les commentaires de ce dernier
ouvrage renvoient essentiellement à une autre source chinoise, celle de
Táo Yuānmíng 陶淵明. [3]
Quelques
illustrations en bas de page.
Patrick Fermi
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Prochainement les
résumés de chaque exemple seront affichés.
N° d'ordre de Lý Văn Phức - «
héros » - aphorisme français |
sino-vietnamien |
caract.
hán-việt |
1 Ngu Thuấn - Sa piété filiale émeut
le ciel
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hiếu cảm dộng thiên
|
孝感動天
|
2 Hán Văn Đế - En personne il goûte
les potions
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thân thường thang dược
|
親嘗湯藥
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3 Tăng Tử - (sa mère au loin) se mord
le doigt, douleur dans son cœur
|
sự thân chí hiếu
MD - khiết chỉ tâm thống
|
事親至孝
嚙指心痛
|
4 Mẫn Tử Khiên - Porter un habit non
fourré pour complaire à sa belle-mère (GJ5)
|
đơn y thuận mẫu
|
單衣順母
芦 --------
|
5 Tử Lộ - Porter du riz pour ses
parents
|
vị thân phụ mễ
|
爲親負米
|
6 Diễm Tử - (recueillir) du lait de
biche pour ses parents (GJ7)
|
lộc nhũ phụng thân
|
鹿乳奉親
|
7 Lão Lai Tử - Jouer la comédie pour
amuser ses parents (GJ17)
|
hý thái ngu thân
MD - hí thái ngu
thân
|
戲綵娛親
---彩 -----
|
8 Đỗng Vĩnh - Se vendre pour assurer
les funérailles de son père (GJ6)
|
mại thân
táng phụ
MD - maĩ
thân táng phụ
|
賣身葬父
------塟 --
|
9 Quách Cự - Pour sa mère enterrer
son enfant (GJ13)
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vị mẫu mai nhi
|
庶母埋兒
|
10 Khương Thi - La source qui jaillit
et les carpes qui sautent (GJ20)
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dũng tuyền dược lý
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湧泉躍鯉
|
11 Thái Thuận - Cueillir les mûres
pour les offrir à sa mère (GJ18)
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thập thầm
cung mẫu
MD - thập
thậm cúng thân
|
拾椹供母
--甚 --親
|
12 Đinh Lan - Fabriquer des statues
en bois pour rendre un culte (GJ22)
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khắc mộc sự thân
|
刻木事親
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13 Lục Tích - Cacher des mandarines
pour les offrir à sa mère (GJ9)
|
hoài quít
di mẫu
MD - hoài quất dí thân
|
懷橘遺母
----------親
|
14 Giang Cách - Se louer pour
subvenir à l’entretien de sa mère (GJ8)
|
phụ mẫu
đào loạn
MD - hành dong cúng mẫu
|
負母逃亂
行傭供母
|
15 Hoàng Hương - Éventer l’oreiller
et réchauffer la couverture (GJ19) 
|
phiến
chẩm ôn khâm
MD - -----------------------
|
扇枕溫衾
片---------
|
16 Vương Thôi - Entendant le tonnerre
il pleure sur le tombeau de sa mère (GJ21)
|
văn lôi khấp mộ
|
聞雷泣墓
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17 Ngô Mãnh - Laisser les moustiques
se rassasier de son sang (GJ11)
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tứ văn
bão huyết
MD - tư
--------------------
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恣蚊飽血
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18 Vương Tường - Se coucher sur la
glace pour attraper les carpes (GJ12)
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ngọa băng cầu lý
|
臥冰求鯉
|
19 Dương Hương - Saisir le tigre pour
sauver son père (GJ14) 
|
ải hổ cứu
phụ
MD - ách
--------------
|
隘虎救父
搤 --------
|
20 Mạnh Tông - En pleurant sur les
bambous il en fait jaillir les pousses (GJ23)
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khốc trúc
sanh duẫn
MD - ------------
sinh duẩn
|
哭竹生笋
泣 --------
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21 Du Kiềm Lâu - Goûter des
excréments et accablé d’inquiétude (GJ16)
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thường phẫn ưu tâm
-------- phẩn ---------
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嘗糞憂心
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22 Đường Thị - Sans répit nourrir au
sein sa belle-mère (GJ10)
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nhũ cô bất đãi
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乳姑不怠
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23 Châu Thọ - Abandonner sa charge
pour rechercher sa mère (GJ15)
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khí quan tầm mẫu
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棄官尋母
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24 Hoàng Đình - Nettoyer le vase de
nuit de sa mère (GJ24)
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địch thân niệu khí
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滌親溺器
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Retour possible à :

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Livre actuel pour
enfants en bandes dessinées
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Extrait d'une
présentation classique alternant les styles d'écritures et de langues
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L’imagerie de la piété filiale au
Japon.
Peinture sur bois
illustrant l’aphorisme Nhũ cô bất đãi, Sans répit nourrir au sein sa
belle-mère.
Ce tableau de 1891 (31 de l’ère Meiji) est de l’artiste japonais
Chikanobu.

Notes et
bibliographie
[1] Lý Văn Phức 李文馥 (1785-1849), appelé
aussi Lân Chi et Khắc Trai, est originaire du village de Hồ Khẩu devenu
aujourd'hui un quartier de Hà Nội. Reçu Licencié (Cử nhân), Il fit une
grande carrière de "fonctionnaire" marquée par de nombreuses missions
diplomatiques à l'étranger, Malaisie, Macao, Chine. Populaire grâce aux
24 exemples de piété filiale (1835), il est surtout
l'auteur d'une importante oeuvre littéraire élaborée au fil de ses
années de voyages. Pour l'anecdote, mais cela n'est pas sans
importance, P. Huard et M. Durand dans Connaissance du Việt-Nam
notent que de sa mission comme ambassadeur de Minh Mệnh 明命 à la cour de Pékin,
il rapporta un modèle de noria à palette utilisant le pédalage humain
(đạp guổng).
Pour en savoir plus, on peut consulter : Tạ Trọng-Hiệp, Notice
bibliographique sur Lý Văn Phức, dans Bulletin de l’École Française
d’Extrême-Orient, Année 1964, Volume 52, Numéro 1, p. 278 - 287 - Sur
le site de Persée, cet article est librement
consultable en ligne. - retour -
[2] Guō Jūjìng 郭居敬 vivait à Dàtián Xiàn 大田縣, dans la province du Fújiàn 福建省, à l'époque de la dynastie Yuán
(1260-1368). Il semble que ce soit à la mort de son père que Guō Jūjìng
recueillit ces légendes. En clin d'œil, on notera que le caractère pour
Yuán est 元, à l'identique de la
dynastie Nguyễn, celle où vivait précisément Lý Văn Phức dont on dit
que la famille était aussi originaire du Fújiàn. - retour
-
[3] C'est aussi le cas
pour une autre version chinoise tout autant connue, celle de Táo
Yuānmíng 陶淵明 qui, vers la fin de sa vie se fit
appeler Táo Qián 陶潛, c'est à dire "le
caché". On dit qu'il fit ainsi parce qu'il fut le poète de la réclusion
et de la solitude dans les montagnes mais on doit aussi noter que ce
fut après l'assassinat par Liú Yù 劉裕 du dernier empereur de la dynastie
Jìn 晉朝, dynastie que Táo
Yuānmíng avait servie par "intermittence". On trouvera une adaptation
de ses 24 exemples de piété filiale dans Amour filial - Légendes
chinoises - de Lucie Paul-Margueritte aux éditions You-Feng
en 2005 (1ere édition du SIAO,1929) - retour
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