« Une autre observation à faire, c'est qu'on rencontre parmi
les Scythes beaucoup d'impuissants qui s'occupent aux travaux des
femmes et qui ont le même timbre de voix qu'elles. On les appelle
anandries (efféminés). »
« Ἔτι τε
πρὸς
τουτέοισιν
εὐνουχίαι
γίγνονται
οἱ πλεῖστοι
ἐν Σκύθῃσι,
καὶ
γυναικεῖα
ἐργάζονται,
καὶ ὡς αἱ
γυναῖκες
διαλέγονται
ὁμοίως·
καλεῦνταί
τε οἱ
τοιοῦτοι
ἀνανδριεῖς. »
[ Voir plus bas le texte intégral ]
Selon Iaroslav
Lebedynsky,[1] dans un
article pour Clio.fr intitulé Les
Scythes, « porte-maisons et archers à
cheval » écrit :
« Les Scythes, eux, nous
sont connus par les sources écrites et par
l'archéologie à partir du VIIe siècle
av. J.-C., mais il faut préciser le contenu
de cette appellation. Au sens large, on peut
qualifier de « scythique » une vaste
constellation de peuples nomades apparentés par
le mode de vie, la langue iranienne orientale,
l'art animalier, les types d'armes et de
harnachement du cheval… Les populations de cette
grande famille occupaient d'immenses territoires
du Danube à la Chine occidentale et leurs voisins
sédentaires, conscients de leur parenté, leur
accolaient souvent une étiquette commune. Pour
les Grecs, tous étaient des
« Scythes » ; pour les Perses,
des « Saces » (Sakâ).
Au sens strict, cependant,
les Scythes sont plus particulièrement le peuple
qui, à partir des VIIe-VIe siècles
av. J.-C., occupa le Caucase septentrional,
puis l'actuelle Ukraine. Ces « vrais »
Scythes d'Europe sont les mieux connus grâce à
leur célèbre description par Hérodote, qui
occupe la moitié du livre IV de L'Enquête
[2] et aux
fouilles archéologiques en Ukraine dont les plus
anciennes remontent au XVIIIe siècle.»
|
|
Il
est fréquent dans l'histoire des sciences qu'un évènement, un
auteur ou un texte etc. soit désigné comme l'exemple princeps,
l'initiateur d'un courant, d'une idéologie ou d'une discipline
et, si cela se fait avec une juste raison dans la plupart des cas,
cette désignation paraît avoir d'autres fonctions que celles
dévolues à la Science. Il semble, pour les Idées
comme pour les Hommes, que les récits et les discours
tenus sur eux doivent pouvoir s'étayer sur un fantasme (pas
nécessairement illusoire) répondant à une problématique de
l'origine. La Culture se constitue peut-être sur le meurtre
du père mais en contrepartie les élaborations culturelles et
scientifiques cherchent toujours un père fondateur. Hippocrate,
père de la médecine, intervient ici avec sa « maladie des
Scythes » comme un précurseur possible des interrogations
ultérieures sur maladie et culture mais qu'en est-il réellement
dans Des airs, des eaux, des lieux ?
Nous
soumettons ci-dessous à votre appréciation l'intégralité de la
partie de cet ouvrage consacrée aux Scythes. Il faut cependant
noter que cette partie est insérée dans un plus vaste ensemble
où Hippocrate discourt aussi des Européens, des Asiatiques, des
Égyptiens etc. Dans cet ensemble, il nous semble que les facteurs
climatiques (le titre le résume parfaitement) sont fondamentaux
même si, çà et là, quelques facteurs culturels sont évoqués
; c'est le cas pour les Scythes.
Addenda : Les archers scythes étaient
particulièrement réputés, cela expliquant peut-être qu'on leur
attribue "la ruse de la défense en fuyant", c'est le
cas de Montaigne dans Les Essais. Cette défense est
plutôt reconnue aux Parthes qui lançaient leurs flèches, au
dessus de l'épaule et en arrière, en feignant la fuite. C'est
là l'origine de l'expression française la flèche du Parthe
désignant dans une conversation un trait d'esprit blessant.
C’est
en l’an après J.-C. que l’empereur Auguste condamne Ovide à
l’exil chez les Scythes. Ce dernier en parle dans les Tristes
et dans les Pontiques.
[1] Iaroslav Lebedynsky est
un historien ukrainien, chargé de cours à l' INALCO,
particulièrement spécialisé dans l'étude des peuples nomades
des steppes eurasiennes : Cimmériens, Cosaques, Sarmates etc. Il
est l'auteur d'un classique Les Scythes, éd. Errance en
2001. - retour -
[2] «
Ces gens ne
construisent ni villes ni remparts, ils emportent leurs maisons
avec eux, ils sont archers et cavaliers, ils ne labourent pas et
vivent de leurs troupeaux, ils ont leurs chariots pour demeures :
comment ne seraient-ils pas à la fois invincibles et
insaisissables ? » - Hérodote, l'Enquête,
IV (46). - retour -
|
*********************
Source : Hippocrate,
Oeuvres complètes / Littré vol. 1, Paris : J.-B.
Baillière, 1840 - Traduction de Ch. V. Daremberg.
Deux sites extraordinaires proposent les oeuvres
complètes, en français et en grec :
-
celui de Philippe
Remacle (la quasi totalité des classiques latins
et grecs), on reste abasourdi devant ce travail...
-
celui de la Bibliothèque
interuniversitaire de médecine (Paris), écrits hippocratiques ; ce site
est d'une richesse inépuisable.........
Ἱπποκράτης
ΠΕΡΙ
ΑΕΡΩΝ,
ΥΔΑΤΩΝ,
ΤΟΠΩΝ
[17]
Ἐν δὲ
τῇ Εὐρώπῃ
ἐστὶν
ἔθνος
Σκυθικὸν, ὃ
περὶ τὴν
λίμνην
οἰκέει τὴν
Μαιῶτιν,
διαφέρον
τῶν ἐθνέων
τῶν ἄλλων,
Σαυρομάται
καλεῦνται ............
............................................................................................................
[17]
En Europe, il existe une nation scythe qui habite aux
environs des Palus Méotides ; elle diffère des autres
nations : elle est connue sous le nom de Sauromates. Les
femmes montent à cheval, tirent de l'arc, lancent le
javelot de dessus, leur cheval, et se battent contre les
ennemis tant qu'elles sont vierges. Elles ne se marient
pas avant d'avoir tué trois ennemis, et ne cohabitent pas
avec leurs maris avant d'avoir offert les sacrifices
prescrits par la loi. Une fois mariées, elles cessent de
monter à cheval, à moins que la nation ne soit forcée
à une expédition générale. Elles n'ont pas de mamelle
droite ; car, lorsqu'elles sont encore dans leur première
enfance, les mères prennent un instrument de cuivre, le
chargent de feu et l'appliquent sur la région mammaire
droite, qu'elles brûlent superficiellement, afin qu'elle
perde la faculté de s'accroître, en sorte que toute la
force et l'abondance [des humeurs] se portent à l'épaule
et au bras droits.
[18]
Περὶ δὲ
τῶν λοιπῶν
Σκυθέων
τῆς μορφῆς,
ὅτι αὐτοὶ
ἑωυτοῖσιν
ἐοίκασι,
καὶ οὐδαμῶς
ἄλλοισιν,
ὠυτὸς
λόγος καὶ
περὶ τῶν
Αἰγυπτίων,
πλὴν, ὅτι
οἱ μὲν ὑπὸ
τοῦ θερμοῦ
εἰσι
βεβιασμένοι,
οἱ δ' ὑπὸ
τοῦ ψυχροῦ
...............................
..................................................................................................
[18]
Pour ce qui est de la forme extérieure chez les autres
Scythes, qui ne ressemblent qu'à eux-mêmes et nullement
aux autres peuples, mon explication est la même que pour
les Égyptiens, si ce n'est que ceux-ci sont accablés par
une excessive chaleur, et ceux-là par un froid rigoureux.
Ce qu'on appelle le Désert de la Scythie est une plaine
élevée, couverte de pâturages et médiocrement humide,
car elle est arrosée par de grands fleuves qui, dans
leurs cours, entraînent les eaux des plaines. C'est là
que se tiennent les Scythes appelés Nomades, parce qu'ils
n'habitent point des maisons, mais des chariots. Ces
chariots ont, les uns, quatre roues, et ce sont les plus
petits, les autres en ont six. Fermés avec des feutres,
ils sont disposés comme des maisons, et ont deux on trois
chambres ; ils sont impénétrables à la pluie, à la
neige et aux vents. Ces chariots sont traînés par deux
ou trois paires de boeufs qui n'ont point de cornes, car
les cornes ne leur poussent pas à cause du froid. Les
femmes vivent dans ces chariots ; les hommes les
accompagnent à cheval, suivis de leurs troupeaux de
boeufs et de chevaux. Ils demeurent dans le même endroit
tant que le fourrage suffit à la nourriture de leur
bétail ; quand il ne suit plus, ils se transportent dans
une autre contrée. Ils mangent des viandes cuites,
boivent du lait de jument et croquent de l'hyppace,
c'est-à-dire du fromage de cavale. Il en est ainsi de la
manière de vivre et des coutumes des Scythes.
[19]
Περὶ δὲ
τῶν ὡρέων
καὶ τῆς μορφῆς,
ὅτι πολὺ
ἀπήλλακται
τῶν λοιπῶν
ἀνθρώπων
τὸ
Σκυθικὸν
γένος, καὶ
ἔοικεν
αὐτὸ
ἑωυτέῳ,
..........................
..........................................................................................................
[19]
Pour ce qui est des climats et de la forme extérieure
[qui en dépend, il faut dire] que la race scythe, comme
la race égyptienne, diffère de toutes les autres et ne
ressemble qu'à elle-même ; qu'elle est peu féconde ;
que la Scythie nourrit des animaux peu nombreux et très
petits. En effet, cette contrée est située précisément
sous l'Ourse et aux pieds des monts Riphées, d'où
souffle le vent du nord. Le soleil ne s'en approche qu'au
solstice d'été, encore ne l'échauffe-t-il que pour peu
de temps et médiocrement. Les vents qui viennent des
régions chaudes n'y parviennent que rarement et qu'après
avoir perdu leur force. Il n'y souffle que des vents du
septentrion refroidis par la neige, la glace et les pluies
abondantes, qui n'abandonnent jamais les monts Riphées,
ce qui les rend inhabitables. Pendant tout le jour, un
brouillard épais couvre les plaines au milieu desquelles
les Scythes demeurent ; en sorte que l'hiver y est
perpétuel, et que l'été n'y dure que peu de jours, qui
ne sont même pas très chauds, car les plaines sont
élevées et nues ; elles ne se couronnent pas de
montagnes, mais elles s'élèvent en se prolongeant sous
l'Ourse. Les animaux n'y deviennent pas grands, mais ils
sont tels qu'ils peuvent se cacher sous terre ; car
l'hiver perpétuel et la nudité du sol, sur lequel ils ne
trouvent ni abri ni protection les empêchent [de prendre
leur développement]. Les saisons n'offrent pas de
vicissitudes grandes et intenses ; elles se ressemblent et
ne subissent guère de modifications. De là vient que les
formes extérieures sont partout semblables à
elles-mêmes. Les Scythes se nourrissent et se vêtent
toujours de la même manière, en été comme en hiver.
Ils respirent toujours un air épais et humide, boivent
des eaux de neige et de glace, et sont peu propres à
supporter les fatigues, car ni le corps ni l'esprit ne
peuvent soutenir la fatigue dans les pays où les saisons
ne présentent pas de variations notables. Pour toutes ces
causes, nécessairement leurs formes sont grossières,
leur corps est chargé d'embonpoint, leurs articulations
sont peu apparentes, humides et faibles. Leurs cavités,
surtout les inférieures, sont pleines d'humidité, car il
n'est pas possible qu'elles se dessèchent dans un tel
pays, avec une telle nature et avec des saisons ainsi
constituées. A cause de la graisse et à cause de
l'absence de poil, les formes extérieures sont les mêmes
chez tous ; les hommes ressemblent aux hommes, les femmes
aux femmes. Les saisons ayant beaucoup d'analogie entre
elles, la liqueur séminale n'éprouve ni variation ni
altération dans sa consistance, à moins qu'il ne
survienne quelqu'accident violent ou quelque maladie.
[20]
Μέγα δὲ τεκμήριον
ἐς τὴν
ὑγρότητα
παρέξομαι.
Σκυθέων
γὰρ τοὺς
πολλοὺς,
ἅπαντας
ὅσοι Νομάδες,
..................................................................
.....................................................................................................
[20]
Je vais fournir une grande preuve de l'humidité du corps
des Scythes. Vous trouverez chez la plupart, et
spécialement chez les Nomades, l'usage de se brûler les
épaules, les bras, les cuisses, la poitrine, les hanches
et les lombes. Cet usage n'a d'autre but que de remédier
à l'humidité et à la mollesse de leur complexion, car,
à cause de cette humidité et de cette atonie, ils ne
sauraient ni bander un arc, ni soutenir avec l'épaule le
jet du javelot. Lorsque les articulations sont
débarrassées, par ces cautérisations, de leur excessive
humidité, elles sont plus fermes, le corps se nourrit
mieux. Il prend des formes plus accentuées. Les Scythes
sont flasques et trapus ; premièrement, parce qu'ils ne
sont pas, comme les Égyptiens, emmaillotés [dans leur
enfance], usage, qu'ils n'ont pas voulu adopter, afin de
se tenir plus aisément à cheval ; secondement, parce
qu'ils mènent une vie sédentaire. Les garçons, tant
qu'ils ne sont pas en état de monter à cheval, passent
la plupart du temps assis dans les chariots, et ne
marchent que fort rarement, à cause des migrations et des
circuits [de ces hordes nomades]. Les femmes ont les
formes extérieures prodigieusement flasques et sont très
lentes. La race scythe a le teint roux (basané) à cause
du froid ; en effet, le soleil n'ayant pas assez de force,
le froid brûle la blancheur de la peau, qui devient
rousse.
[21]
Πολύγονον
δὲ οὐχ
οἷόν τε
εἶναι
φύσιν
τοιαύτην·
οὔτε γὰρ
τῷ ἀνδρὶ ἡ
ἐπιθυμίη
τῆς μίξιος
γίγνεται
πολλὴ διὰ
τὴν
ὑγρότητα
τῆς φύσιος
............................
..........................................................................................................
[21]
Une race ainsi constituée ne saurait être féconde. Les
hommes sont très peu portés aux plaisirs de l'amour, à
cause de leur constitution humide, de la mollesse et de la
froideur du ventre, circonstances qui rendent
naturellement l'homme peu propre à la génération. Il
faut encore ajouter que l'équitation continuelle les rend
inhabiles à la copulation. Telles sont pour les hommes
les causes d'impuissance. Pour les femmes, la surcharge de
graisse et l'humidité des chairs empêcher la matrice de
saisir la liqueur séminale. La purgation menstruelle ne
se fait pas convenablement ; elle est peu abondante et ne
revient qu'à de longs intervalles. L'orifice de la
matrice, bouché par la graisse, ne peut recevoir la
semence. Ajoutez à cela l'aversion pour le travail,
l'embonpoint, la mollesse et la froideur du ventre. C'est
pour toutes ces causes que la race scythe est
nécessairement peu féconde. Les esclaves femelles en
sont une grande preuve. Elles n'ont pas plutôt de
commerce avec un homme, qu'elles deviennent enceintes, et
cela parce qu'elles travaillent et qu'elles sont plus
maigres que leurs traîtresses.
[22]
Ἔτι τε πρὸς
τουτέοισιν
εὐνουχίαι
γίγνονται
οἱ
πλεῖστοι
ἐν Σκύθῃσι,
καὶ
γυναικεῖα
ἐργάζονται,
καὶ ὡς αἱ
γυναῖκες
διαλέγονται
ὁμοίως·
καλεῦνταί
τε οἱ
τοιοῦτοι
ἀνανδριεῖς
..............................................
...........................................................................................................
[22]
Une autre observation à faire, c'est qu'on rencontre
parmi les Scythes beaucoup d'impuissants qui s'occupent
aux travaux des femmes et qui ont le même timbre de voix
qu'elles. On les appelle anandries (efféminés).Les
naturels attribuent ce phénomène à un dieu ; ils
vénèrent et adorent cette espèce d'hommes, chacun
craignant pour soi [une pareille calamité ]. Quant à
moi, je pense que cette maladie est divine aussi bien que
toutes les autres, qu'il n'y en a pas de plus divines et
de plus humaines les unes que les autres ; mais que toutes
sont semblables et que toutes sont divines ; chaque
maladie a une cause naturelle et aucune n'arrive sans
l'intervention de la nature. Je vais indiquer maintenant
ce qu'il me semble de l'origine de cette maladie.
L'équitation produit chez les Scythes des engorgements
aux articulations, parce qu'ils ont toujours les jambes
pendantes. Chez ceux qui sont gravement atteints, la
hanche se retire et ils deviennent boiteux. Ils se
traitent de la manière suivante : quand la maladie
commence, ils se font ouvrir les deux veines qui sont
près des oreilles. Après que le sang a cessé de couler,
la faiblesse les assoupit et les endort ; à leur réveil,
les uns sont guéris, les autres ne le sont pas. Je
présume que c'est justement par ce traitement que la
semence est altérée, car près des oreilles il y a des
veines qui rendent impuissant lorsqu'elles sont ouvertes ;
or, je pense qu'ils coupent précisément ces veines.
Lorsque, après cette opération, ils ont commerce avec
une femme et qu'ils ne peuvent accomplir l'acte, d'abord
ils ne s'en inquiètent point et restent tranquilles ;
mais si après deux, trois ou plusieurs tentatives, ils ne
réussissent pas mieux ; s'imaginant que c'est une
punition d'un dieu qu'ils auraient offensé, ils prennent
les habits de femme, déclarent leur éviration
(impuissance), se mêlent avec les femmes et s'occupent
aux mêmes travaux qu'elles. Cette maladie attaque les
riches et non les classes inférieures ; [elle attaque]
les plus nobles, les plus puissants par leur fortune,
parce qu'ils vont à cheval ; [elle épargne] les pauvres
par cela même qu'ils ne vont point à cheval. Si cette
maladie était plus divine que les autres, elle ne devrait
pas être exclusivement affectée aux nobles et aux
riches, mais attaquer indistinctement et plus
particulièrement ceux qui possèdent peu de chose et qui,
par conséquent, ne font point d'offrandes, s'il est vrai
que les dieux se réjouissent des présents des hommes et
qu'ils les récompensent par des faveurs ; car il est
naturel que les riches usant de leurs trésors, fassent
brûler des parfums devant les dieux, leur consacrent des
offrandes et les honorent ; ce que les pauvres ne
sauraient faire, d'abord parce qu'ils n'en ont pas le
moyen, ensuite parce qu'ils se croient en droit d'accuser
les dieux de ce qu'ils ne leur ont pas envoyé de
richesses. Ainsi les pauvres plutôt que les riches
devraient supporter le châtiment de pareilles offenses.
Comme je l'ai déjà observé, cette maladie est donc
divine comme toutes les autres ; mais chacune arrive
également d'après les lois naturelles, et celle-ci est
produite chez les Scythes par la cause que je viens de lui
assigner. Elle attaque aussi les autres peuples, car
partout où l'équitation est l'exercice principal et
habituel, beaucoup sont tourmentés d'engorgements aux
articulations, de sciatique, de goutte, et sont inhabiles
aux plaisirs de l'amour. Ces infirmités sont répandues
chez les Scythes, qui deviennent les plus impuissants des
hommes, et par les causes déjà signalées, et parce
qu'ils ont continuellement des culottes et qu'ils passent
à cheval la plus grande partie du temps. Ainsi, ne
portant jamais la main aux parties génitales, et
distraits par le froid et la fatigue des jouissances
sexuelles, ils ne tentent la copulation qu'après avoir
perdu entièrement leur virilité. Voilà ce que j'avais
à dire sur la nation scythe.
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