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03 octobre 2014 Les polémiques contemporaines autour de l'approche ethnopsychanalytique nous ont incités à problématiser le champ de définition. Une bonne compréhension de cette page nécessite la lecture préalable d'autres parties du site. C'est la raison de liens hypertextes permettant des ouvertures dans d'autres fenêtres. - histoire : Ethnopsychanalyse : esquisse d'un roman familial - actualité : Ethnopsy ... état des lieux Ce qu'elle n'est pas : L'ethnopsychanalyse ne saurait se confondre avec l'anthropologie psychanalytique même si l'une et l'autre appliquent la psychanalyse à l'étude de faits ethnographiques et/ou ethnologiques propres à un peuple ou une culture, ou encore à la Culture en soi.
Pas plus que la psychanalyse ne s'identifie avec la psychiatrie, l'ethnopsychanalyse ne se confond avec l'ethnopsychiatrie et/ou la psychiatrie transculturelle. Ces dernières sont situées dans le champ médical et possèdent leurs méthodologies et concepts spécifiques.
L'ethnopsychanalyse ne s'applique pas exclusivement à des données pathologiques ou supposées comme telles.
L'ethnopsychanalyse ne saurait non plus être identifiée à la psychologie interculturelle et /ou à l'ethnopsychologie si ce n'est en considérant cette dernière comme un ensemble composé de sous-ensembles définis par une relation à telle ou telle théorie.
L'ethnopsychanalyse n'est pas une autre ou une nouvelle psychanalyse.
Ce qu'elle pourrait être :
L'ethnopsychanalyse se définit en référence à la théorie psychanalytique inventée par Freud et à la notion de complémentarité de Georges Devereux. Elle présuppose donc des applications distinctes de la psychanalyse et de l'ethnologie dans les définitions les plus générales de ces deux disciplines.
Les interprétations issues de ces applications s'inscrivent dans le champ de la psychanalyse ou dans celui de l'anthropologie psychanalytique.
Son intérêt dans le domaine clinique réside dans son pouvoir de reconnaissance et d'analyse des représentations culturelles en tant que ces dernières participent au développement, à la structure et au fonctionnement de l'appareil psychique,
Son intérêt dans le domaine social réside dans sa capacité à reconnaître et à analyser les phénomènes relevant des relations interculturelles, des processus d'acculturation et de l'ensemble des phénomènes produits dans l'interface entre psychisme et culture.
Actuellement, les travaux et les pratiques se qualifiant aux-mêmes ethnopsychanalytiques peuvent être : des interprétations théoriques élaborées sur la base des visions du monde et des étiologies indigènes, des modalités thérapeutiques spécifiques à l'égard de l'étranger en difficulté, des travaux d'investigations anthropologiques situés hors du champ clinique.
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Le préfixe ethno n'est pas sans poser de problèmes surtout quand on constate l'influence de la terminologie anglo-saxonne sur l'ethnologie française. Les expressions anthropologie culturelle, anthropologie sociale tendent en effet à se substituer parfois à ethnologie. Dans le même temps cependant, de nombreuses minorités dans le monde ne craignent pas de se référer au radical ethn(o) pour eux-mêmes et pour faire reconnaître leurs droits.
Dans ce contexte nous considérons que le choix terminologique d'ethnopsychanalyse doit essentiellement s'entendre comme une référence à Georges Devereux.
Si ethnopsychanalyse est entendue plus précisément dans une dimension thérapeutique, son application peut s'envisager selon des modalités et des procédures diverses en cohérence avec les objectifs recherchés. Il est cependant évident que les exigences de la complémentarité :
- expérience de la psychanalyse,
- connaissances ethnologiques,
- usage fréquent de la langue maternelle des consultants, nécessitent généralement un dispositif groupal afin de réunir les compétences requises mais il ne s'agit pas d'une condition nécessaire.
Ce qui reste en débat :
Nous avons retenu ethnopsychanalyse pour des raisons qui relèvent autant d'un souci de visibilité, pour employer une notion à la mode, que de préoccupations épistémologiques. Psychanalyse culturelle, expression utilisée par Valabrega en 1957, eût pu convenir mais, d'une part les usages ne lui ont pas accordé ce destin et, d'autre part cette expression se définissait d'abord comme la psychanalyse appliquée à des objets culturels sans considérer que plus tard quelques-uns y verraient une méthode thérapeutique adaptée à des patients de cultures différentes. La vie des mots est mystérieuse ; nous parlons par exemple avec évidence de la psychanalyse de l'enfant, de la psychanalyse familiale ou dans d'autres registres, de psychanalyse de l'alcoolisme ou de psychanalyse institutionnelle. Ces exemples pourtant limités montrent que la psychanalyse se décline selon des phases de la vie, selon des objets, selon des états, selon des pratiques etc. mais curieusement n'a pas su se décliner devant des personnes migrantes dont les langues, les conduites, les représentations du monde sont pourtant singulières relativement à celles des thérapeutes.
Il y a un abus et une confusion à confondre l'Autre et l'Etranger, abus et confusion qui relèvent peut-être d'une même illusion, celle de penser un Sujet universel détaché de toutes les contingences et qui, transfert aidant, étrangement ressemble à s'y méprendre au Dieu de nos monothéismes méditerranéens.
Patrick Fermi - 1998
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